QUELLE PLACE POUR LES PERSONNES ISSUES DES minorités dans les instances de décisions à l'université laval?
L'Université laval accueille chaque année, des milliers d'étudiants issus de la diversité. Une fois arrivées, ces personnes représentent des minorités dans la population. Quand on parle de minorités, on parle par exemple des femmes, des noirs, des premières nations, des personnes LGBTQ+, des personnes vivant avec un handicap, et la liste n'est pas exhaustive. Il y a très peu de représentativité de ces identités dans les instances de décisions en dépit des efforts émis. Selon l'encyclopédie Universalis, "une minorité est « un groupe numériquement inférieur au reste de la population d'un État, en position non dominante, dont les membres – ressortissants de l'État – possèdent, du point de vue ethnique, religieux ou linguistique, des caractéristiques qui diffèrent du reste de celles de la population". Sur cette page, je raconte des histoires à travers des images, du son, de la vidéo, le tout en scrollytelling. Petite note explicative, dans cette capsule.
Pour parler de minorités et de représentativité, on ne peut omettre les notions de discrimination basées sur le genre. Nous avons posé la question à quelques étudiantes afin de savoir si elles ont été victimes de discrimination basées sur le genre. Les réponses sont aussi surprenantes les unes que les autres. Par ailleurs selon les personnes interviewées, il existe aussi des formes de discrimination basées sur la couleur de peau dans les rapports entres les étudiants, les professeurs, en passant par les administrations. Quelques morceaux choisis.
Crédit: Perpétue Adité
Ces témoignages font état de discrimination basées sur le genre. Sarah Tcheidi est ivoirienne. Elle a fait ses études à l'Université Laval en droit international et transnational. Elle affirme avoir été victime de profilage racial dans des boutiques, et même qu'on lui a craché dessus à une occasion. Mais parlant de non représentativité, des minorités dans les instances de décisions, elle a son petit témoignage est plus nuancé.
Pour ce travail, nous avons rencontré plusieurs personnes, s'identifiant comme minorités et ayant vécu des expériences différentes. Toutes reconnaissent une non représentativité des personnes issues de la diversité dans les instances de décision. Elles racontent leurs histoires, leurs frustrations, leurs projets, leurs visions et surtout, le monde dans lequel ils aimeraient vivre demain.
Toutes les vidéos
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Lyndsay Aida Guéi
Laura Péan
Ibrahima Massagninni Kone
Jade Alméida
Lydia Arsenault
Judicael Moutangou
Crédits vidéos: Perpétue Adité
Charles moumouni, un regard différent
Charles MOUMOUNI est professeur titulaire au département d’information et de communication à l''Université Laval. Originaire du Bénin, son témoignage révèle un parcours intéressant. Affirmant n'avoir été victime de comportements à caractère discriminatoire au cours de ses expériences, l'homme aux multiples casquettes pense tout de même que la sous représentativité des minorités dans les instances de l'Université Laval est réelle. Mais selon lui, si l’Université met en œuvre des stratégies pour valoriser la diversité, il n'en demeure pas moins que les sujets eux-mêmes doivent prendre les devants. Ce regard différent ouvre des pistes de réflexions et d'actions pouvant favoriser une meilleure représentativité des minorités dans les instances de décisions à l’Université Laval.
Crédit vidéo: Perpétue Adité
CAMILLE GARON,
UNE FEMME ISSUE DE LA DIVERSITÉ QUI PREND SA PLACE
Charles Moumouni recommandait dans la vidéo précédente, que les personnes issues de la diversité doivent s'affirmer et prendre leur place. Nous avons rencontré une jeune femme qui ne se fait pas prier pour s'impliquer dans les instances de décisions à l'Université Laval et même au delà.
Camille Garon est diplômée au baccalauréat en sciences politiques. Issue de l’adoption internationale mais d’origine haïtienne, la jeune femme s’implique depuis plusieurs années, dans différentes associations dans le but de porter la voix des personnes issues de la diversité mais surtout des femmes noires. Elle raconte son parcours, et surtout met un accent particulier sur l’importance de s’impliquer et de prendre sa place afin d’arriver à une meilleure représentativité des minorités dans les instances de décisions à l’Université Laval.
Crédit vidéo: Perpétue Adité
De plus en plus d'événements portant la cause des minorités s'organisent à L'Université Laval. Par exemple, la FEMUL (féministes en mouvements de l'université Laval) a en effet célébré la journée des femmes en partenariat avec la CADEUL (Confédération des associations d'étudiants et étudiantes de l'Université Laval) le 14 mars dernier. La FEMUL est l'association étudiante féministe de l'Université Laval. Son comité exécutif est composé uniquement de femmes qui portent la cause des femmes dans une démarche intersectionelle.
Néanmoins, aucune femme de peau noire dans le comité de direction de l'association. Cette absence pourrait empêcher la prise en compte des réalités des femmes noires dans les instances de décisions à l'Université Laval.
Quand à la CADEUL, elle représente les étudiants inscrits au premier cycle à l'Université Laval. Selon les informations recueillies sur son site web, l'association a pour mission d'encourager ses membres à s’impliquer dans leur milieu, stimule leur potentiel et met de l’avant leur vision collective. La confédération met également à la disposition des étudiants et des étudiantes plusieurs réalisations et services pouvant leur être utiles, que ce soit pour se défendre en cas de problèmes au plan académique, pour fournir du matériel dans le but d’assurer la réussite d’un projet ou encore pour favoriser un milieu socioculturel dynamique. Nous remarquons aussi qu'aucune minorité visible, notamment des noirs ou des personnes portant un handicap ne figurent pas dans le comité de direction à l'heure actuelle. L'une des intervenantes Lyndsay Aida Guei avait fait partie du conseil d'administration mais elle a affirmé avoir démissionnée car ne se sentant pas à sa place.
L'activité qui a eu lieu l 14 mars mettait l'accent sur l’avancement et l’évolution du droit des femmes à travers le temps. Du même coup, elle se veut être une tribune pour regarder vers l’avenir et présenter des secteurs qui manquent encore cruellement de diversité de genre. A travers des panels, des expositions de livres, la présence de la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés de l’Université Laval et de la revue recherches féministes , la question du droit des femmes a été longuement débattue. Je vous propose quelques images de cette activité, avec un accent particulier sur les livres exposées, qui s'intéressent à la place de la femme dans la société
VERS UNE MEILLEURE VALORISATION DE LA DIVERSITÉ
JOURNÉE DE FEMMES& SOIRÉE VOGUE À U LAVAL
La présence de toutes ces instances confirment que le droit des femmes dans le contexte universitaire est pertinent. L'exposition de livres vient démontrer que bien de réflexions
ont été effectuées sur le droit de la femme. Cela montre aussi différents défis que les femmes doivent surmonter pour être représentées dans les instances de décisions.
Crédit photo: Perpétue Adité
Une autre activité récente à l'Université Laval met en valeur la diversité sexuelle. La soirée Vogue organisée par l'Association pour la diversité sexuelle et de genre de l’Université Laval (ADSGUL) le 28 mars venait aussi à point nommé pour rencontrer la diversité. L'association est le plus ancien groupe gai universitaire toujours actif au Québec. Créé par et pour les étudiants gais, lesbiennes et bisexuel(le)s de la communauté universitaire, l'ADSGUL est une ressource reconnue en matière de diversité sexuelle. Le groupe est ouvert également aux membres du personnel, aux non-étudiants, aux personnes transgenres et aux hétérosexuels. Au menu, Drag queens, défilés de mode, vin & fromage, conférences à thèmes LGBT+ par des experts du milieu.
Crédit photo: Perpétue Adité
Des images, aux capsules vidéo, en passant par les entrevues audio, ce projet journalistique n'a surement pas abordé la question de façon exhaustive. Mais à travers des témoignages, il transparaît que la place des minorités est encore à faire dans les instances de décisions à l'Université Laval. Il faut néanmoins reconnaître les efforts fournis. Plusieurs recommandations ont été faites par nos intervenants à l'endroit donc des autorités pour une meilleure promotion de la diversité. L'Université Laval ne reste pas insensible face aux enjeux de sa population issues de la diversité. Nous avons rencontré Patricia Neitthoffer, agente d’équité à la direction de la négociation, des conditions de travail et de l’équité du vice-rectorat aux ressources humaines de l'Université Laval. Elle nous donne des éléments de réponses sur les mesures prise par l'UL pour une meilleure représentativité de tous les groupes issus de la diversité dans les instances de décision
L'université laval et ses stratégies d'équité
L’Université Laval accueille chaque année, des centaines d’étudiants issus de la diversité. Le profil de la population étudiante actualisée pour l’année 2018-2019 fait état par exemple de 945 étudiants étrangers avec permis d’études. Forte de cette diversité qui témoigne de son ouverture sur le monde, l’UL s’est engagée à travers son plan stratégique, à renforcer sa culture d’inclusion de façon à garantir l’égalité des chances pour toutes les personnes dont les groupes minorisés à savoir, les femmes, les autochtones, les minorités visibles et ethniques, les personnes handicapées ainsi que les personnes LGBTQ+. Cet engagement concerne le personnel et les étudiants comme nous le précise Patricia Neitthoffer, agente d’équité au vice-rectorat aux ressources humaines.
Pour la composition du conseil d’administration, des étudiants sont nommés par les associations d’étudiants pour y siéger. Les autres groupes représentés désignent eux-mêmes leurs représentants. Selon l’agente interviewée, les actions et mesures institutionnelles en matière d’équité permettent de créer un milieu de travail et de vie inclusif et diversifié, dans toutes les sphères de la communauté UL, notamment en sensibilisant les différentes parties prenantes à l’importance de nommer des personnes issues des groupes minorisés pour les représenter. Un autre résultant pertinent concerne les femmes.
Les statistiques obtenues à la direction de la négociation, des conditions de travail et de l’équité de l’Université Laval démontrent que plus de 50 % de femmes sont nommés au CA, ce qui est le fruit d’un travail de longue haleine sur l’équité femme homme à l’Université Laval. Des efforts sont fournis pour une meilleure représentativité des autres minorités qui constituent en revanche moins de 10 %. Pour ce faire, l’Université Laval élargit ses réflexions dans la réalisation des actions et des mesures en matière d’ÉDI.
Selon Patricia Neitthoffer, un défi supplémentaire à relever pour l’UL est d’avoir un portrait le plus juste possible du personnel en emploi pour évaluer l’adéquation entre les objectifs et les moyens à privilégier pour les atteindre. « Nous utilisons entre autres depuis plusieurs années un formulaire d’auto-identification dans lequel le personnel est invité à identifier le ou les groupes auxquels il s’identifie parmi ceux reconnus comme minorisés par les instances gouvernementales : femmes, minorités visibles ou ethniques, les Autochtones et les personnes handicapées. La question de l’orientation sexuelle ou relative à l’expression de genre est sensible et relève de la vie privée. Il est difficile de demander aux personnes, par l’intermédiaire d’un formulaire ou autre, leur orientation sexuelle sans contrevenir aux droits et libertés de chacun ».
Cette contrainte limite parfois, toute la bonne volonté de l’UL à mener des actions orientées vers des groupes précis. Mais nous avons recueilli des informations très pertinentes sur ce le site de l’UL qui aborde la question de l’équité, de la diversité et de l’inclusion en emploi. Cette documentation met en relief, plusieurs autres mesures prises pour démontrer l’importance que l’Université accorde à l’égalité et pour inciter les chercheurs d’emplois faisant partie des groupes visés à postuler ces emplois.
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L’Université Laval s’assure que les processus de recrutement respectent les standards en matière d’équité et priorise, à compétence équivalente, une personne de l’un de ces groupes lorsque ce groupe est sous-représenté.
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Elle encourage et diffuse aussi les valeurs d’égalité dans les affichages d’emplois offerts sur le campus et elle incite les postulants à s’auto-identifier afin de bénéficier à compétence de valeur égale, de mesures de redressement.
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Elle favorise une meilleure intégration en emploi des personnes qui font partie des groupes visés et aussi auprès des gestionnaires qui doivent composer avec une main-d’œuvre de plus en plus diversifiée
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Elle offre des formations en lien avec l’égalité en emploi, notamment une formation sur les accommodements au travail, sur le recrutement et la sélection sans discrimination, et sur les communications interculturelles
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Elle a également développé dans l’intranet dédié au personnel une section sur l’égalité en emploi. Cette section contient des informations sur le sujet et un guide a également été créé. Ce dernier se veut un outil pratique pour familiariser le personnel avec plusieurs sujets d’intérêts, comme des liens vers le guide d’accueil du nouvel employé et les garderies du campus.
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Un guide d’égalité en emploi est également proposé dans cette section.
Toutes ces mesures ont pour finalité de valoriser le leadership, l’exigence et l’excellence, le respect de la diversité des personnes pour faire de l’Université Laval, un campus ouvert sur le monde.
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Mon nom est Perpétue Adité. Je suis étudiante a la maîtrise en journalisme international. à l'Université Laval.
Je m'intéresse aux questions de genre et d'inégalités sociales. N"hésitez pas à
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